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Chessterfield CL
Le premier moteur neuronal
18 ans avant AlphaZero, 13 ans avant Rhetoric, Matthias Lüscher avait exploré la piste de l'évaluation par un réseau neuronal supervisé. Utilisées depuis quelques années maintenant pour le go et les échecs, ces techniques ont permis de spectaculaires percées. Mais à la fin du siècle, on savait à peine ce que c'était. Matthias Lüscher travaillait à contre-
L'auteur avait doté Chessterfield d'un petit réseau de neurones artificiels à trois couches, un classique perceptron. Parallèlement il a conçu un module d'apprentissage, livré avec le moteur, chargé de constituer le fichier de "poids" pour le réseau neuronal, à partir de la lecture de plusieurs dizaines de milliers de parties. Contrairement à Rhetoric, livré avec un unique fichier de poids - à prendre ou à laisser - les utilisateurs de Chessterfield peuvent donc créer facilement leur propre réseau neuronal.
La première version de Chessterfield a été diffusée en avril 1998 et la dernière en mars 2000. L'auteur a vite abandonné son programme, qui n'avait pour but que de valider un concept d'intelligence artificielle à base de réseau neuronal. Avec le Elo de 1550 mesuré à l'époque - le niveau d'un bon joueur de club, quand même - il démontrait la validité du concept mais soulignait aussi son principal défaut : une évaluation neuronale est lente ; elle exige des processeurs puissants et beaucoup de mémoire vive pour jouer correctement. Or, nos ordinateurs sont considérablement plus puissants qu'il y a 25 ans...
Plan de l'article
Plus fort que prévu et de style humain
Téléchargement et installation
Installation dans Arena
Installation dans Lucas Chess
Installation dans Crafty Chess Interface
Installation dans Mayura Chess Board
Configuration ?
Gérer la force du moteur
Avec Arena
Avec Lucas Chess
Avec Crafty Chess Interface
Avec Mayura Chess Board
Comment utiliser l'utilitaire d'apprentissage ?
Utiliser une source de PGN de qualité
Rassembler et nettoyer les parties
Supprimer les doublons et fragmenter la collection
Lucas Chess, dernier recours
Les personnalités Chessterfield
Chessterfield (personnalité par défaut)
Jeune maître III
Vieux maître III
Chesster offensif II
Alexander
Angus
Créer des joueurs faibles crédibles ?
Tournoi des personnalités Chessterfield
Arena Chessterfield
J'ai rapidement observé que Chessterfield offrait plus que les 1550 Elo d'autrefois. Le premier fichier de poids que j'ai obtenu en lui faisant ingurgiter plus de 60.000 parties de grands maîtres donnait déjà au moteur une force voisine de 2000 Elo, soit un bon énorme de 450 Elo par rapport à la mesure effectuée en 2000 ! Malgré tout, la réflexion de Chessterfield reste lente. Pour obtenir un bon niveau de jeu, il faut lui laisser du temps. Les parties blitz ne sont pas son fort. C'est dans les parties de durée moyenne ou longue qu'il s'en sort le mieux.
L'environnement technique du moteur est par ailleurs assez sommaire. Il ne dispose que d'une petite table de hachage non configurable et rien d'autre. Le vrai point fort de Chessterfield réside dans la manière dont il évalue une situation : en fouillant dans son fichier de poids à la recherche d'une configuration proche. Si les parties avec lesquelles il a appris à jouer sont des parties de joueurs humains, ses coups auront eux aussi allure humaine.
Téléchargement et installation
On trouve tous les éléments du moteur sur le site officiel mais uniquement en version Winboard. Comme j'ai converti le moteur au protocole UCI grâce à Wb2Uci, je vous invite plutôt à le télécharger sur mon espace Mega.
Télécharger Chessterfield en version UCI ?
L'archive contient :
➤"Chessterfield UCI.exe", l'exécutable pour lancer le moteur en version UCI
➤"ChessterfieldCL.exe", exécutable de la version Winboard
➤"network.dat", fichier de poids par défaut, réalisé par Matthias Lüscher à partir de jeux de moteurs.
➤"Wb2Uci.eng", fichier de commandes de Wb2Uci.
➤"chessterfield.jpg", image iconique.
➤Un dossier "data" contenant des fichiers de finales (les fins de parties ont fait l'objet d'un entraînement spécifique du moteur)
Le fichier de poids proposé par l'auteur n'est pas excellent pour deux raisons : il est nettement moins fort que mes personnalités les plus fortes ; il a été constitué à partir de jeux d'autres moteurs d'échecs. Pour obtenir le style le plus humain possible, il est impératif de constituer les fichiers de poids à partir de jeux de grands maîtres humains. Et pour avoir le niveau de force le plus élevé, il faut lui faire ingurgiter si possible plus de 70.000 parties.
On observera au passage que l'on peut, en variant, les parties utlisées pour l'apprentissage, doter Chessterfield de personnalités très différentes les unes des autres (voir plus bas). Chessterfield ne permettant pas de choisir un fichier de poids au démarrage, le mieux est de créer un nouveau dossier pour chaque nouvelle personnalité et d'y copier tous les fichiers avec le fichier de poids alternatif, sans oublier le répertoire "data" contenant les données de fin de parties.
Vous trouverez sur le site officiel, outre le module d'apprentissage, les sources du moteur ainsi que deux fichiers de poids alternatifs : celui de John T. Grant, et celui d'Arturo Ochoa.
Menu "Modules" > "Installer nouveau module" et allez chercher le fichier "Chessterfield UCI.exe" (si vous préférez la version UCI) ou le fichier "ChessterfieldCL.exe" (si vous choisissez la version Winboard).
Arena semble avoir des difficultés à déterminer à quoi il a affaire avec Chessterfield. Il est possible que vous ayez à lui donner manuellement la précision : menu "Modules" > "Gérer". Choisir le moteur dans la liste et afficher l'onglet "Détails". Dans le champ "Type", sélectionner "UCI" ou "Winboard (vieux)", selon le fichier exécutable qui va servir.
Notez qu'à la fin de cet article je vous propose de télécharger une interface Arena pré-configurée avec plusieurs personnalités du moteurs déjà installée avec leur bibliothèques.
Lucas Chess n'acceptant que les moteurs UCI, y faire tourner Chessterfield est une possibilité dont nous ne devons pas nous priver. Procédé : menu "Options" > "Configuration des moteurs" ; onglet "Moteurs externes", bouton "Nouveau" et allez chercher le fichier "Chessterfield UCI.exe".
Installation dans Crafty Chess Interface
Avec Crafty Chess Interface on installera Chessterfield en mode Winboard : menu "Moteurs" > "Ajouter nouveau moteur". Glissez-déposez "ChessterfieldCL.exe" dans la fenêtre où allez le chercher à son emplacement. A partir de là, la prise en charge est automatique. A la fin de la procédure, CCI vous demande si vous voulez prendre Chessterfield comme moteur principal (à la place de Crafty). Si oui, il devient le moteur #1. Répondez "non" car s'il y a deux moteurs actifs, vous jouez toujours contre #2. Le mieux est de conserver Crafty en #1, afin de l'utiliser pour les commodités qu'il offre.
Installation dans Mayura Chess Board
Menu "Engine" > "Change engine" > "Add or remove engine". Puis "Add" et allez chercher l'exécutable "Chessterfield UCI.exe". La petite interface Mayura accueille le vieux moteur neuronal sans soucis.
Notez que Chessterfield a refusé de fonctionner avec PyChess, aussi bien en mode UCI qu'en mode Winboard.
Configuration ?
On fera l'économie, pour une fois, d'une vraie section "Configuration". En effet, il m'a été impossible de changer la taille de la table de hachage pas plus en mode Winboard qu'en mode UCI. Aucune des commandes habituelles de Wb2Uci n'a fonctionné ; la taille de la table est restée la même : 16 Mo pour Winboard et bizarrement, 4 Mo seulement pour l'UCI. Néanmoins, j'ai testé sommairement la force de la version UCI en la faisant jouer contre la version Winboard. Sur 30 parties, j'ai obtenu une strict égalité : 15 parties remportées pour chacune. S'il y a une différence de force entre les deux modes, elle est faible.
La version UCI n'accepte pas plus que la version Winboard les réglages de temps par coup en seconde, les réglages de profondeur d'exploration et de limitation du nombre de noeuds. Et comme il n'y a quasiment aucun paramétre à régler, les avantages à utiliser l'UCI sont inexistants dans les interfaces qui acceptent les deux protocoles de communication. Le seul véritable intérêt de la version UCI est qu'elle permet de faire tourner Chessterfield avec Lucas Chess ou avec la petite interface Mayura Chess Board.
Gérer la force du moteur
Chessterfield étant un moteur de force modéré, la question n'est pas cruciale. Voyons rapidement les options habituelles :
Avec Arena
Avec Arena le mieux est d'abord de désactiver la pendule (on ne peut pas se donner un bonus de temps) puis de sélectionner un contrôle de temps relativement bref. Notez qu'en mode UCI comme en mode Winboard, les réglages de temps par coup en seconde, limite de profondeur et limite du nombre de nœuds ne fonctionnent pas.
➤Menu "Niveau" > "Régler" (ou Ctrl+L), choisir "Blitz" ou "Tournoi" puis préciser le contrôle de temps et fermer la fenêtre.
➤Menu "Options" > "Pendule arrêtée" (l'icône en forme d'horloge doit être entourée d'un filet bleu. Dans ce cas, seul le moteur subit la pression du temps.
➤Mais on peut également handicaper le moteur : menu "Module" > "Module 1" > "Configurer". Régler "% Cpu" à votre convenance (les valeurs inférieures à 100 ralentissent le moteur).
Avec Lucas Chess
Tout comme avec Arena, nous ne pouvons pas fixer un temps de réflexion par coup ou une profondeur de recherche. Voyons ce qui nous reste. Il faut d'abord commencer une partie : "Jouer" > "Jouer contre un moteur" ; cliquer sur le gros bouton du moteur courant, puis "Moteur externe" et choisir Chessterfield ou l'une de ses personnalités. A partir de là, voici les options possibles :
➤Ne pas s'imposer de contrainte de temps : onglet "Temps". En fait c'est le choix par défaut, sur ma version de Lucas Chess. Seul l'ordinateur devra subir le temps. Le joueur humain pourra réfléchir tant qu'il voudra.
➤Accepter une contrainte de temps plus favorable : depuis le même onglet "Temps", cliquer sur "Activer le contrôle du temps" puis en dessous déterminer un contrôle de temps pour le moteur et indiquer ensuite à combien de minutes de jeu supplémentaire aura droit le joueur humain. Dans ce cas, le moteur se conformera aux conditions prévues initialement mais le joueur humain bénéficiera d'un bonus de temps plus ou moins important.
Avec Crafty Chess Interface
Avec Crafty Chess Interface, tout se passe dans la fenêtre "Control panel". La réglette de force n'est utilisable que par le moteur Crafty interne mais deux possibilités intéressantes sont accessibles :
➤Ne pas imposer au joueur humain la pression du temps. Il suffit de régler le contrôle de temps souhaité pour le moteur, de valider (bouton "Set") puis de cliquer sur le bouton "Go" sans avoir coché la case "On".
➤Accepter de subir la pression du temps mais en se donnant une marge supplémentaire : cocher "On", double-cliquer sur l'horloge du joueur humain dans la fenêtre "Horloge & Statuts": une fenêtre s'ouvre. Entrez un temps sous la forme minutes:seconde. Par exemple 30:00, pour porter à 30 minutes le temps dont le joueur humain disposera.
Avec Mayura Chess Board
D'abord préciser que depuis le menu "Level", "Time per move", "Fixed depth" et "Limit engine strenght" ne sont pas fonctionnels. Seul peuvent être utilisés "Blitz game" et "Long game".
A partir de là, deux possibilités :
➤Suspendre l'horloge : bouton pause ("II") de la barre d'outils ou menu "Clock" > "Pause". L'horloge continue à fonctionner pour le moteur mais plus pour le joueur humain.
➤S'octroyer un volume de temps supplémentaire : menu "Clock" > "Set clock". On fixe ici le temps pour les blancs et pour les noirs.
Comment utiliser l'utilitaire d'apprentissage ?
Plutôt que d'intégrer le module d'apprentissage à son moteur, Matthias Lüscher a préféré développer une application séparée. L'avantage, c'est la simplicité. Il suffit de rassembler toutes les parties, au format PGN, dans un dossier, d'y copier l'exécutable "chessterfieldEN" avec le fichier de poids vierge (ou pas, c'est sans importance) et de le lancer. Vous pouvez télécharger ce module soit sur le site officiel, soit depuis mon espace Mega.
Télécharger le module d'apprentissage chessterfieldEN ?
L'ensemble des opérations pour traiter une collection de plusieurs dizaines de milliers de parties peut se révéler assez fastidieuse - bien que tout soit assez facile à faire.
Chessterfield EN est une simple application console, à laquelle vous devez donner un à un le nom (extention .pgn comprise), sans vous tromper, des recueils de parties contenus dans votre dossier. Par exemple, "karpov.pgn", "carlsen.pgn", "anand.pgn", etc (inutile de mettre les majuscules).
Une fois le stock épuisé, vous écrivez "no" à la place d'un dernier nom de fichier PGN et vous lancez le travail. Quand elle a terminé de traiter toutes les parties que vous lui avez donné, l'application console crée un nouveau fichier de poids, appelé "network.dat", qui fait entre 640 et 870 Ko, jamais plus.
C'est un processus lent. Même sur une machine de bureau récente, il faudra plusieurs heures à l'application pour avaler 50.000 parties. Mais il y a 20 ans ce devait être un processus beaucoup plus long encore...
Important : l'application n'est pas capable d'ajouter un nouveau travail au contenu d'un précédent fichier "network.dat". Il écrase l'ancien contenu, s'il y en a un, et en produit un nouveau. Pour obtenir un bon fichier de poids, il faut donc lui donner un maximum de parties à ingurgiter en une seule fois.
Le module d'apprentissage est assez délicat. Les Pgn les plus sophistiqués contenant commentaires, variantes, positions FEN et autres fioritures ne sont pas du tout appréciés de l'application. Il faut tout enlever (c'est facile avec Scid vs Pc). Par ailleurs, le module devient instable dès qu'on dépasse le nombre de 60.000 parties proposées. Enfin, les trop gros PGN semblent aussi lui poser des problèmes. Pour éviter ces désagrément, suivez ma démarche :
Utiliser une source de PGN de qualité
Je vous conseille fortement le site Pgn Mentor, qui propose des centaines de milliers de parties classées par joueurs, ouvertures ou évènement. Les fichiers sont très propres et n'occasionnent jamais le moindre problème. Vous pouvez puiser dans d'autres bases de données. Lire ma page concernant les bases de parties pour en savoir plus. Mais attention aux Pgn contenant des éléments inhabituels. Par exemple je me suis rendu compte avec Lucas Chess que certaines parties contenaient une position Fen dans un champ "FEN" n'apparaissant dans aucune autre interface ; Scid ne les avait pas détecté comme mauvais. Malheureusement, Chessterfield EN n'en veut absolument pas !
Rassembler et nettoyer les parties
Une fois en possession de toutes les parties que vous comptez utiliser pour générer le fichier de poids, il faut d'abord les rassembler dans un fichier unique, ce que vous pourrez faire facilement avec ce petit fichier bat que j'ai appelé "Fusion". Créez un dossier quelconque, collez-y Fusion ainsi que tous vos PGN à rasembler puis exécutez le programme. Fusion va générer automatiquement un unique PGN appelé "Parties.pgn". Attention : si vous lancez deux fois le même processus dans le même dossier, le "Parties.pgn" existant sera additionné au nouveau "Parties.pgn". Pensez-y.
Quelques opérations de nettoyage vous éviteront beaucoup de déboires. Pour cela, ouvrez votre collection de parties dans Scid vs PC et commencez par utiliser le module de recherche multicritères pour supprimer les parties sans résultat (j'en ai toujours une ou deux par tranche de 10.000 parties).
Ensuite, demandez à l'outil de maintenance de vérifier les jeux. Il arrive qu'il trouve une partie défectueuse ou une simple position perdue au milieu de parties complètes. Supprimez tout ce qui n'est pas utile au module d'apprentissage : tag, commentaires, variantes...
Supprimer les doublons et fragmenter la collection
Votre collection de parties contiendra forcément une proportion importante de parties en double. Il faut les éliminer, si vous comptez faire avaler au module plus de 50.000 parties. Utilisez Scid vs Pc pour éliminer tous ces doublons. Il n'est pas rare de voir disparaitre 25 à 30% des parties.
Les PGN de moins de 5000 parties sont mieux acceptés que les gros. On les teste chacun séparément en lançant une fausse opération d'apprentissage. Le module affiche des séries de petits points et c'est durant cette étape, assez courte, qu'il plante s'il y a une partie défectueuse. Une fois que la phase des "petits points" est passée, on est sûr que le PGN est bon et on le met de côté.
Pour faire cette opération, le mieux est encore d'utiliser les capacités de découpe de Scid vs PC. On fait cela très facilement en triant le PGN en fonction du numéro d'ordre des parties (de 1 à 5000, de 5001 à 10000, etc). Chaque bloc de 5000 est copié dans le presse-papier puis sauvegardé en PGN avec un nom simple du type "Bloc01", "Bloc02"... (voir dans l'article sur Scid la section "Amélioration et entretien des bases de parties").
Lucas Chess, dernier recours
En cas de PGN particulièrement récalcitrant vous pourriez aussi lancer depuis Lucas Chess une opération de création de bibliothèque d'ouvertures. Il s'agit de débuter la création d'une bibliothèque Polyglott de seulement 2 coups de profondeur et de supprimer les parties que l'interface estimerait défectueuses. Il suffirait de repérer cette partie par son numéro d'ordre dans la liste et de la supprimer.
Les personnalités Chessterfield
Chessterfield possèdait déjà au moins trois personnalités différentes : celle de l'auteur, celle de Grant et celle d'Ochoa. On peut en créer autant d'autres qu'on veut mais on ne peut pas comme avec Rodent manipuler avec finesse des quantités de paramètres pour obtenir un résultat bien précis. On peut faire varier le style de la personnalité en lui faisant ingurgiter certaines parties plutôt que d'autres. Ma personnalité "Vieux maître" a par exemple été obtenue en collectant uniquement des parties du 18eme, du 19eme et du début du 20eme siècle.
Imiter le style d'un joueur particulier n'est pas possible. Les jeux ne sont jamais disponibles en quantité suffisante pour donner un fichier de poids de force convenable. Au mieux on obtiendra un style général en complétant l'échantillon avec des jeux de joueurs proches.
J'ai créé moi-même beaucoup de personnalités Chessterfield mais après mûre réflexion, j'ai décidé de mettre à la retraite la plupart de celles que j'ai proposé dans l'article initial, il y a 5 ans. Il s'agit de faire place à la nouvelle génération ! J'ai créé en effet un nouveau jeune maître, un nouveau vieux maître et un nouveau Chesster offensif. Je conserve néanmoins Angus et Alexander, deux des anciens que j'aime bien. Et qui restent les plus forts, malgré mes tentatives récentes d'obtenir mieux.
A noter : les cotes Elo sont données pour le format rapide (40 / 7) ; la seconde cote correspond au format 40 / 15, pour lequel j'ai arbitrairement ajouté 20 points Elo.
Chessterfield (personnalité par défaut)
Force : 1716 - 1736 Elo
La personnalité par défaut de Chessterfield a été produite par l'auteur du moteur en lui proposant des parties d'autres moteurs d'échecs. Comme dit plus haut, ce n'était pas la meilleure approche pour obtenir un style agréable et humain ; par ailleurs, le nombre de parties était sans doute trop faible pour donner des performances optimales. De fait, la personnalité par défaut est très faible, avec 260 points Elo de moins qu'Alexander, la personnalité la plus forte.
Jeune maître III
Force : 1860 - 1880 Elo
J'ai repris le principe adopté pour le "Jeune maître I" : m'appuyer pour créer le fichier de poids uniquement sur les meilleurs GM actuels ; en l'occurrence ici des joueurs du top 30 mondial (de juin 2024). Au total j'ai réuni plus de 80.000 parties sans doublons. Le module d'entraînement ayant refusé de toutes les absorber, j'ai dû réduire sensiblement la taille de l'échantillon en expurgeant certains blocs de leurs parties nulles. Environ 66.000 parties sont restées utilisées. Avec 110 Elo de moins qu'Alexander, ce Jeune Maître m'a beaucoup déçu. Son style est néanmoins intéressant.
La personnalité est accompagnée de la bibliothèque "Chessterfield" tirée de la même collection de parties. C'est une bibliothèque généraliste, peu profonde mais comportant beaucoup d'entrées. Elle pourra donc servir à de nombreux autres usages.
Caractéristiques :
Profondeur : 12 demi-coups
Format : Abk (Arena)
Poids : 3,41 Mo.
Coups : 127.029
(La version "*.bin", formée avec les mêmes parties et des paramètres proches, est également fourni avec la personnalité)
Vieux maître III
Force : 1849 - 1869 Elo
Le fichier de poids a été construit à partir d'une collection de 52.645 parties (sans doublons) datant du 17eme siècle jusqu'en 1925. C'est presque le double du nombre de parties avec lesquelles j'ai réalisé Vieux maître I et Vieux maître II il y a cinq ans. J'ai littéralement écumé les bases de données pour en rassembler autant et par ailleurs, j'ai déplacé le curseur de ma recherche de 1910 jusqu'à 1925. J'ai finalement obtenu un meilleur fichier de poids que ceux des vieux Vieux maîtres : la personnalité est nettement plus forte, son jeu est plus varié mais elle conserve un style général romantique.
La bibliothèque "Romantic" de Vieux maître III a été créée à partir des mêmes 52645 parties qui ont servi à créer le fichier de poids. Ce sont les ouvertures de grand'pa, qui seront nécessairement restreintes à des usages particuliers. Caractéristiques générales :
Profondeur : 12 demi-coups
Poids : 1,7 Mo
Coups : 63.111
(La version "*.bin", formée avec les mêmes parties et des paramètres proches, est également fourni avec la personnalité)
Chesster offensif II
Force : 1902 - 1922 Elo
Il y a cinq ans j'avais créé Chesster offensif en collectant 40.000 parties de joueurs au style dynamique et offensif de diverses époques. C'était une personnalité peu efficace. Je pense que je n'avais pas assez de parties et que ma sélection de joueurs n'était pas optimale. Je pense aussi que le système neuronal de Chessterfield ne favorise pas les styles de jeu très tactiques. Voici donc un Chesster offensif II obtenu à partir d'un nombre beaucoup plus important de jeux. Initialement, je disposais d'un stock de 66585 découpé en 14 blocs. Testés isolément, tous les blocs étaient valides mais l'utilitaire d'apprentissage n'en a jamais voulu. En enlevant les parties nulles de deux blocs, j'ai finalement contraint l'utilitaire à terminer son travail, avec environ 62.000 parties.
Pour la sélection de joueurs, j'ai donné la priorité aux GM dynamiques d'aujourd'hui ou du proche passé. En désordre : Aronian, Christiansen, Nakamura, Vachier-Lagrave, Short, Kasparov, Topalov, Shirov, Polgar, Morozewich, Khalifman, Sutovski, Népo, Mamedyarov, Rapport, Xie... Comme il me manquait encore des parties, j'ai rajouté celles d'une douzaine de vieilles gloires, dont quatre ou cinq romantiques. Mais cela ne représente qu'environ 3000 jeux. Pas de quoi peser beaucoup sur le style.
J'ai associé à Chesster offensif II la bibliothèque "Active". Comme d'habitude, elle a été produite avec les mêmes parties que la sélection d'origine. Comportant beaucoup d'entrées, elle pourra accompagner tout moteur au style dynamique. Caractéristiques générales :
Format : Abk (Arena)
Profondeur : 12 demi-coups
Poids :3,18 Mo
Coups : 118.459
(La version "*.bin", formée avec les mêmes parties et des paramètres proches, est également fourni avec la personnalité)
Alexander
Force : 1976 - 1996 Elo
Alexander était une variante du concept "Jeune maître". Le fichier de poids a été réalisé à partir de 78.845 parties d'une quarantaine de jeunes joueurs classés dans les 50 premiers mondiaux (en 2019) et d'un bloc d'une vingtaine de grands maîtres du 19 et du 20 siècle (environ un quart si je me souviens bien). L'originalité de ce network : la collection initiale a été allégée de toutes ses parties nulles, de sorte qu'il n'est plus resté que 65134 parties. Alexander est la plus forte de toutes les personnalités Chessterfield.
Comme bibliothèque, Alexander peut utiliser "Chessterfield.abk"
Angus
Force : 1956 - 1976 Elo
Angus est plus proche du concept "Jeune maître" initial puisqu'il est le fruit du traitement de 85.000 parties appartenant à 52 des 100 meilleurs joueurs mondiaux (classement FIDE de novembre 2020) : Anand, Andreikin, Aronian, Carlsen, Caruana, Ding Liren, Dominguez Perez, Gelfand, Giri, Grischuk, Harikrisnha, Ivanchuk, Leko, Mamedyarov, Morozevich, Nakamura, Navara, Radjabov, Nepomniachtchi, So, Tomashevsky, Topalov, Vachier Lagrave, Vallejo Pons, Wang, Wei, Vitiugov... Des joueurs qui appartiennent à la dernière et à l'avant-dernière génération de grands maîtres. Après nettoyage, suppression des doublons et ajout de 1287 parties de moteurs, l'utilitaire d'apprentissage a créé le network avec 69798 parties.
Comme bibliothèque, Alexander peut utiliser "Chessterfield.abk"
Voici le liens pour télécharger ces personnalités. Pour les faire fonctionner il faudra coller dans le dossier de chacune d'elle le répertoire "data" contenant les fichiers de fin de parties ainsi que l'exécutable Winboard ("ChessterfieldCL.exe").
Télécharger les personnalités Chessterfield ?
Créer des joueurs faibles crédibles ?
Jusqu'ici, j'ai totalement négligé une possibilité offerte par Chessterfield : créer des joueurs faibles crédibles. Plutôt que de donner à l'utilitaire d'apprentissage des milliers de parties GMI, nous pourrions, comme l'on fait les animateurs du projet Maïa, lui offrir plutôt des parties de joueurs entre 1200 et 1500 Elo, par exemple. Il est probable que nous obtiendrions un style de jeu très similaire - c'est-à-dire avec les erreurs typiques de joueurs 1200-1500 Elo. Si quelqu'un est intéressé à tenter l'expérience, je serai heureux qu'il me fasse part de ses résultats.
Tournoi des personnalités Chessterfield
Comme d'habitude j'ai organisé un tournoi avec Arena pour jauger la force de mes personnalités. Le format retenu est de 7 minutes pour chaque tranche de 40 coups, ce qui laisse 10,5 secondes par coup à chaque moteur pour se décider.
Toutes les personnalités utilisaient "Perfect2018.abk", une bibliothèque axée sur la performance. Le challenger des personnalités était CDrill 2000, un moteur qui est classé à 2000 Elo en partie rapide.
Le tournoi principal comportait 210 parties soit 60 par personnalités mais Alexander, Angus, Chessterfield (perso par défaut) et Cdrill ont eu droit à un petit tournoi additionnel qui leur a procuré 10 parties supplémentaires.
Le choix de CDrill et du format n'étaient pas idéal car le moteur de Ferdinand Mosca est très véloce en format rapide alors que c'est le contraire pour Chessterfield, qui est meilleur quand il a le temps de réfléchir et à qui le format 40/15 aurait mieux convenu. L'ennui c'est qu'avec 40/15, il faut beaucoup trop de temps pour boucler 210 parties ! Mais ce tournoi a au moins le mérite de situer approximativement les personnalités les unes par rapport aux autres. Voici les résultats :
En résumé :
➤Cdrill est nettement vainqueur avec 40,5 points mais Alexander n'est pas si loin avec 37,5 points
➤Alexander et Angus sont clairement les deux plus fortes des personnalités Chessterfield. Chesster offensif, Vieux maître III et Jeune Maître III sont assez loin derrière.
➤La personnalité par défaut du moteur est vraiment très loin derrière avec seulement 13 points.
J'ai utilisé Bayeselo pour déterminer le niveau Elo de mes divers joueurs. Voici les résultats.
En partie 40/15 j'estime qu'il faudrait ajouter 20 à 30 Elo à cette cote, ce qui amènerait facilement Chessterfield (avec une bonne personnalité) aux alentours de 2000 Elo.
Arena Chessterfield
Comme je l'ai fait pour CDrill, GreKo et NagaSkaki, voici en version portable à télécharger l'interface Arena avec tous les moteurs et leur bibliothèque pré-installés. Soit Chessterfield standard, Jeune Maître III, Vieux Maître III, Chesster offensif, Angus et Alexander. J'ai ajouté à cette collection les personnalités de John T. Grant et d'Arturo Ochoa. Toutes sont activées en mode "Winboard" et non "UCI" - pour les raisons indiquées plus haut.
Arena a été vidée de tout ce qui ne concernait pas Chessterfield. Dans le répertoire "books" j'ai notamment supprimé tout le catalogue habituel pour le remplacer par quatre bibliothèques abk: "Perfect2018.abk", bibliothèque principale par défaut, "active.abk" pour personnalités dynamiques et agressives, "Chessterfield.abk", la plus généraliste et "romantic.abk", constituée des ouvertures d'autrefois.
Chaque moteur est lié à sa propre bibliothèque mais utilisera par défaut la bibliothèque principale. Pour éviter que ce ne soit le cas : menu "Modules" > "Gérer", onglet "Détails", choisir le moteur, onglet "Bibliothèque" et décocher "Utiliser bibliothèque principale d'Arena avec ce module". Le moteur utilisera alors sa bibliothèque dédiée.
Télécharger Arena Chessterfield ?
Rob Rob
Article de 2018, revu une première fois en 2020 et entièrement refondu en juin 2024.